Principes Fondamentaux De L'histoire De L'art - Le Problème De L'évolution Du Style Dans L'art Moderne - Wölfflin Heinrich

Résumé :
Après Renaissance et baroque en 1888 et L'Art classique en 1899, les deux essais qui hissèrent de son vivant Wölfflin au rang des principaux historiens d'art, l'année 1916 voit la parution des Principes fondamentaux de l'histoire de l'art. L'ancien disciple bâlois de Jacob Burckhardt, dorénavant professeur reconnu dans les grandes universités wilhelmiennes, y livre la somme de son existence intellectuelle et érige en système les postulats théoriques amorcés antérieurement. Aucun texte de cette ampleur ne marquera plus, chez l'auteur, les décennies suivantes . outre de multiples articles, Wölfflin s'emploiera à reprendre les moindres aspects de ses Principes, montrant là à quel point il les envisageait comme l'approfondissement logique de ses textes initiaux et l'aboutissement de son ¿uvre. L'orientation biographique, voire même anecdotique, de l'histoire de l'art de son temps lui semblait frapper d'inanité tout discours sur l'art. Wölfflin incarne donc, juste avant la génération des grands formalistes du w siècle (Fry . Focillon, Longhi...), l'existence d'un renouveau méthodologique qui substituerait aux considérations extérieures sur l'art un point de vue interne sur les propriétés autonomes de l'évolution artistique, prolongement dans les mots de l'expérience esthétique. Il s'agirait, selon lui, du seul moyen d'appréhender " ce qui est authentiquement artistique dans l'¿uvre d'art ". A cette fin, le projet critique de Wölfflin s'appuiera sur l'invention d'un langage original et de concepts nouveaux dont nous sommes, aujourd'hui encore, les héritiers. Pour systématique qu'elle soit, cette approche formaliste, qui aborde les seuls faits de style, n'en conserve pas moins une capacité réelle d'adaptation. Appliquant ses propres catégories à la seule période envisagée dans cet ouvrage (le XVIe siècle " classique " et le XVIIe siècle " baroque "), Wölfflin revendique la nécessité de concepts appropriés à chaque objet. Paradoxalement, le caractère relatif de sa doctrine en la force. Rejetant la nature universelle et a priori du jugement esthétique de Kant, Wölfflin se refuse à accréditer l'idée d'un fondement unique à toute esthétique . chacune serait régie par les lois internes que l'historien des formes se doit de révéler dans l'ordre du langage. Les Principes fondamentaux reposent sur une pensée dialectique, toujours en mouvement. Pour traduire les évolutions plastiques, ici le passage du classicisme au baroque, Wölfflin propose en effet cinq couples de catégories fondamentales, désormais célèbres, répondant aux critères de la " visualité pure " : linéaire et pictural, surface et profondeur, forme ouverte et forme fermée, pluralité et unité, clarté absolue et relative. D'aspects différents, elles traduisent pourtant une même réalité et n'existent que l'une par rapport à l'autre, dans des rapports contrastés. " Elles sont les pôles d'un devenir, d'un passage l'identique au contraire. " Dans cette vision, les singularités de l'artiste s'effacent donc au profit des traits généraux de l'évolution artistique. L'interprétation capitale de Wölfflin est de celles, André Chastel le rappelait, " que chaque génération d'hommes cultivés doit sans doute se proposer de décrire à nouveau ". La Vie des formes de Focillon, notamment, en offre un exemple fameux. Mais l'essentiel persiste : une traversée d'une rigueur exemplaire dans les formes du monde plastique à un moment donné. Son actualité reste évidente : la prédominance de plus en plus exclusive du catalogue monographique, dans l'histoire de l'art de la fin du XXe siècle, pourrait peut-être trouver des motifs d'infléchissement, à son tour, dans la redécouverte de Wölfflin, voire même une source de renouveau.

Biographie:
Historien d'art et esthéticien suisse, Heinrich Wölfflin (1864-1945) fût l'élève à Bâle de Jacob Burckhardt, à qui il succéda dans sa chaire d'histoire de l'art à l'université (1893-1901). C'est ensuite à Berlin qu'il fut professeur (1901-1912), puis à Munich (1914-1924) et enfin à Zurich (1924-1934). Renaissance et baroque et L'Art classique ont été publiés par Gérard Monfort Editeur.